Yoga et cohérence cardiaque

Aujourd’hui je vous présente cette nouvelle méthode de yoga associé au rythme respiratoire de la cohérence cardiaque, un travail corporel innovant, un assemblage de techniques sérieuses et modernes permettant une approche différente aux expériences yoguiques dites traditionnelles.
Comme une bouffée d’air frais dans la pratique et les ressentis qui en découlent.
Ce yoga peut se classer dans le yoga restauratif. Doux et thérapeutique (mais non passif), il est réconfortant, régénérant, permet de ralentir et de récupérer, ainsi que d’accéder à l’état de félicité de manière simple et accessible.
Pour décrire cette méthode concrètement, nous utilisons une musique comme un chronomètre pour effectuer des mouvements isocinétiques répétitifs, doux et gracieux, afin d’agir sur les systèmes cardio-vasculaire, musculo-squelettique et nerveux central (conduisant des actions physiologiques vers des actions psychologiques).
En étant concentrés sur la répétition des mouvements, calmes et synchronisés avec la respiration avec un minimum d’effort (et grâce à la musique qui mesure le temps à notre place:)), il est possible d’apaiser le flot des pensées et d’être complètement présent sur les informations provenant du corps : les ressentis, en mouvement puis immobile. En trouvant les rythmes et les cycles, l’intégration du flow continu et répétitif amène à un état de transe.
Alors, on ne pense pas au futur, ni au passé, on expérimente un sentiment de sécurité, d’adaptabilité, de sérénité, une abondance physiologique, un état d’efficience.
Ce n’est pas une pratique où l’on recherche l’effort conscient afin d’atteindre un objectif, ni une séance de posture de yoga où l’on cherche à toucher ses orteils, mais une approche où la douceur et la subtilité ramène aux sensations et à la qualité du mouvement.

Ne soyez pas intimidés par toutes ces informations, en pratique c’est très très simple, tellement agréable, et accessible à tout le monde.
Je propose ces séances les jeudis soirs à Buzy, de 19h à 20h30, dans la salle de motricité de l’école. Vous verrez sur l'image les dates proposées pour cette méthode.

Il est recommandé d’apporter tapis de sol, couverture ou plaid, un ou deux coussins (de taille différente). Vous pouvez participer à une séance d’essai (10€), et si vous souhaitez revenir à ces cours je propose des cartes de 10 ou 20 séances (valables toute l’année scolaire).

maud moncla
L'Art de conter (FR)
Ma statue de Shiva Nataraja, l’icône indienne de la danse, et ma 1ere paire de Ghungooroos. Nov.2019

Ma statue de Shiva Nataraja, l’icône indienne de la danse, et ma 1ere paire de Ghungooroos. Nov.2019

Hier se terminait pour moi 3 années d’apprentissage en diplôme universitaire à l’Université Hindoue de Bénarès dans l’un des 8 styles de danse classique indienne, la danse Kathak. Loin de moi l’idée d’égaler un jour les grands danseurs indiens, j’ai approché cette opportunité humblement désirant immerger un peu plus dans cette culture qui me fascine et me façonne. La danse Kathak incarne l’Inde que j’aime: riche, complexe, spirituelle, exigeante, poétique, souple, romantique et forte. Facilement reconnaissable parmi les autres styles classiques, elle se distingue rapidement par ses costumes, sa posture droite et son dynamisme. Ce style moins populaire en France que le Bharatanatyam mérite tellement d’être connu davantage. De part son histoire et son évolution au fil des siècles, il est le symbole d’ouverture, d’adaptation et de mixité culturelle.

Le système de musique et danse indien trouve ses racines dans un traité datant d’il y a 2000 ans environ appelé NatyaShastra traitant de dramaturgie et arts de la scène, considéré comme le 5ème Véda (les Védas sont les textes fondateurs de l’Hindouisme). Potentiellement, tous les styles de danse classique indiens peuvent s’y référer, il existe également de nombreux autres textes. La tradition de la danse ainsi codifiée, une performance est considérée accomplie si elle parvient à évoquer des sentiments (Rasa) en évoquant une émotion particulière (Bhava). Les styles classiques de musique, chant et danse en Inde, ensemble appelé ‘Sangeet’, sont de 2 genres majeurs: carnatique et hindoustanie, respectivement sud et nord de l’Inde. Elles diffèrent l’une de l’autre depuis le 13ème siècle environ, après l’arrivée des Moghols et influences perses. Il est difficile désormais pour les musiciens du nord et du sud du pays de jouer ensemble tant les règles ont évolué pour la musique hindoustanie au fil des siècles. Les domaines artistiques de l’Inde restent difficilement appréciables en profondeur sans être initié aux symboliques, aux règles et structures tellement complexes et diverses.

Chaque région a développé un style de danse propre, il existe des centaines de styles folkloriques. Comme précisé plus haut il est reconnu à ce jour 8 styles de danse classique. La plupart d’entre eux trouvent leur origine dans les temples, les Devadasis (servants de Dieu) dansaient face à la statue ou l’image de la divinité du temple, à l’époque c’était une danse solo. Les temples avaient ainsi les meilleurs danseurs et musiciens à leur service dans une intention de dévotion et d’offrande, mais également comme moyen de narration des légendes liées aux divinités.

C’est le cas pour la danse Kathak, qui est la danse reconnue du nord de l’Inde et dont le nom dérive de “Katha” qui signifie “histoire”. Les Kathakars étaient des conteurs nomades d’histoires et de légendes hindoues utilisant le mime à travers le système complexe codifié des mudras (positions des mains), expressions et mouvements du visage, des yeux, du cou et de la tête. Cet ensemble est appelé Abhinaya et reste un élément essentiel de la danse Kathak aujourd’hui. Ce style né dans les temples hindous de la plaine indo-gangétique est donc enraciné dans l’hindouisme brahmanical. On trouve mention des ‘Kathaks’ dans la section Adiparva de l’épopée religieuse du Mahabharata qui, accompagnant Arjun à l'entrée de la forêt captivaient les cœurs en interprétant leurs histoires grâcieuses, apportant douceurs aux oreilles et prouesses pour les yeux. Il existait des conteurs oraux et des conteurs par le mime. Le kathak a reçu durant les règnes des empires post Maurya (Gupta et Pala) une nouvelle impulsion dans la région où la musique et la danse étaient exaltés. Puis, entre le 13ème et 16ème siècle le mouvement de renaissance religieuse (l’ère Bhakti) apporta un élément de romantisme, les légendes de Radha et Krishna prirent de l’importance (émotions de dévotion, désir, chagrin et joie). C’est à cette période que la danse se sépara de la spiritualité des temples et commença à être influencé par des éléments folkloriques, et des émotions humaines. Après le 16ème siècle, la danse entra dans les cours mogholes et commença à acquérir sa forme distinctive et ses caractéristiques par la rencontre de différentes formes de danse et de musique, plus particulièrement perses. L’environnement changea l’orientation des danseurs des temples (séduits par les cadeaux en or, bijoux et faveurs royales) d’un art purement religieux, au divertissement des cours royales mogholes. Durant la pleine expression du patronage le concept de Gharanas (’maisons’, lignées de professeur-disciple) vit le jour au début du 19ème siècle. Certaines caractéristiques techniques et stylistiques commençaient à se fossiliser et devenaient les signes distinctifs, la signature d’une école, d’un professeur ou d’un groupe de professeurs. Durant cette période, la danse Kathak était également considérablement exécutée par les Tawaifs, coutisanes semblables à celles de la tradition des Geishas du Japon. Elles développaient cet art en parallèle du raffinement des cours royales, dont elles partageaient les mêmes professeurs, avec lesquels elles échangeaient des idées. Ceci aida à la consolidation du répertoire entre les deux milieux. L’arrivée de la domination britannique (qui commençait en 1858 jusqu’à l’Indépendance en 1947) mena la danse Kathak (entre autres) vers un net déclin, celle ci étant rabaissée et associée à de la prostitution, elle acquit une mauvaise réputation. Toutefois les Gharanas maintenaient leurs enseignements, certaines Tawaifs ont joué un rôle primordial dans la conservation et la continuation de ce style même s’il était dénigré officiellement. Des artistes exploraient le phénomène de troupes de danse et créaient leurs écoles, la danse s’ infiltrait également dans l’industrie du cinéma. Finalement, la danse indienne reçu une reconnaissance internationale. A ce jour la danse Kathak a retrouvé sa popularité et sa forme courante est une synthèse de toutes les influences qu’elle a reçu dans le passé, les aspects des cours mogholes et de l’ère romantique se marient confortablement avec les aspects religieux/mythologiques des temples hindous.

Sans objectif professionnel, à 35 ans, j’ai commencé ce voyage passionnant, baigné dans les histoires et légendes millénaires, la rigueur des disciplines classiques et testé ma patience immergée dans des méthodes pédagogiques parfois déroutantes mais subtilement enrichissantes. J’en ressors enrichie autant sur le plan personnel que professionnel, finalement. En Inde la musique, le chant et la danse sont considérés comme une haute forme de Yoga, d’Union, de canalisation d’une énergie plus grande et d’offrande, nommé Nada Yoga.

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maud moncla
Divine feminine (ENG)
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What do we use our bodies for ? Pleasure? Satisfaction? Austerities? Materializations? Enjoyments? Glorifications? Art? Can we use them as a tool for spiritual improvement and a key towards hapiness without being trapped in the actual yoga tuttifrutti illusion? In the urge of reconnection with our flesh we may actually run too fast and disembody our humanity, seeking approbation, appartenance and running after fantasies, in permanent insatisfactions. Forgetting the essential, what is already there.

maud moncla
Féminin sacré (FR)
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Pourquoi utilisons-nous nos corps? Pour le plaisir? La satisfaction? Les austérités? Les matérialisations? Des glorifications? De l'art? Pouvons-nous les utiliser comme un outil pour l'amélioration spirituelle et une clé vers le bonheur sans être piégés dans l'illusion du yoga tuttifrutti? Dans l'envie de renouer avec notre chair, nous pouvons en fait courir trop vite et désincarner notre humanité, cherchant approbation, appartenance et courant après des fantasmes, dans des insatisfactions permanentes. En oubliant l'essentiel, ce qui est déjà là.

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maud moncla
Yoga

l’approche

Je me rends en Inde régulièrement pour de longues périodes depuis 2007 et je vis à Bénarès plus de 6 mois par an depuis 5 ans. 13 ans que je loupe les mariages de mes amis, les naissances de leurs enfants, que je suis absente lors des moments difficiles. 13 ans c’est quasiment 1/3 de ma vie à l’heure actuelle. J’ai fais le choix d’un style de vie atypique. En posant les pieds en Inde j’ai rapidement compris le potentiel de se confronter à une réalité différente. La capacité d’enseignement de ce pays est bouleversante, tant dans la profondeur des sagesses millénaires que dans les actes simples du quotidien. Je voyais l’Inde comme mon Guru, mon professeur de vie qui pointerait du doigt la marche à suivre, et l’Inde ne brosse pas dans le sens du poil. Dans le pays des perspectives diverses parfois déconcertantes, le centre et l’équilibre sont constamment remis en question. Partant d’un idéal spirituel sublimé je me suis au final plutôt enracinée dans la recherche de l’essentiel au delà des apparences illusoires. Désormais, lorsque je reviens en France les étés mon travail se concentre davantage dans le domaine social du service à la personne d’aide à domicile depuis quelques années.

J'ai eu l'occasion d'expérimenter divers styles de yoga durant mes nombreux voyages et échanges, et ai reçu des enseignements et expériences de diverses nature qui influencent tous ma vision et mon travail actuel. La pratique en groupe ou individuelle que je partage est calme et méditative, accessible aux novices. Le travail corporel est central, utilisé comme une clé plutôt qu’une fin en soi. Je guide les postures, enchaînements et exercices avec des instructions simples et essentielles à une exécution en sécurité. Toutefois, si vous ressentez qu’un exercice ou une posture ne vous convient pas prenez l’initiative d’en sortir, car vous seul sentez ce qui est bon pour vous ou pas. Les noms des postures m’importent peu et je ne les cite pas systématiquement, ni leurs bienfaits. Je n’ai pas de mission, je ne suis pas une Guru dont la parole est infaillible et je ne propose pas de thérapie par le yoga. Je partage seulement ma propre expérience.

Les vieux tabous autour du corps sautent petit à petit, et on se réapproprie nos enveloppes charnelles de manière matérialiste et désincarnée, on veut avoir un corps différent, être plus performants, savoir faire telle ou telle posture. Devenons, soyons et incarnons les postures! Habitons nos corps. Observons, ressentons vibrer vivant tout à l'intérieur en superficie et au delà notre divinité d'êtres humains parfaits et apaisés au lieu de chercher à l'extérieur et courir sans relâche derrière des chimères d'insatisfactions perpétuelles. La relation à son propre corps et donc au monde change lorsque l'on écoute et observe ce qui est.

Lors des cours de yoga, mon intérêt pour l'étude de l'histoire du yoga et la philosophie m'invite à me concentrer davantage sur un échange d'expérience plutôt que sur un enseignement de dynamique classique de transmission de connaissance unilatérale. L'espace de cour est davantage concentré sur l'observation du ressenti en l'instant que sur l'application d'énoncés figés et de transmission de savoirs théoriques, qui sont facilement accessibles dans les nombreux livres sur le sujet et certains très longuement débattus. On trouve beaucoup de concepts dans le yoga provenant d'une culture non expérimentée et difficilement rationalisable pour les non initiés, qui peuvent devenir facilement des fantasmes ésotériques, nos modes de vie actuels sont tellement éloignés de la réalité dans laquelle ils se sont développés. Avec un état d'esprit de découverte l'expérience est juste, dans l'instant. Le travail postural ainsi abordé il n'y a rien à accomplir, à acquérir, à accumuler de particulier, et ne doit intervenir à aucun moment le principe de culpabilité individuelle de ne pas être à la hauteur, ne pas y arriver. Les différents exercices ont des actions et effets qui peuvent varier selon les expériences de chacun, malgré une trame commune il est compliqué de définir une issue unique et d'enfermer les résultats dans des cases, lorsqu'on les recherche. La remise en question est essentielle car s'enfermer dans des certitudes est terrible pour l'expérience et la vie. Savoir et être sont deux choses différentes, comprendre et s'adapter rendent l'expérience vivante et vibrante, et garder un état d'esprit débutant libère de l'emprisonnement des certitudes et de l'aveuglement des croyances dangereuses pour soi et pour autrui. La capacité d'adaptation est essentielle dans ces périodes chaotiques que nous traversons où nous savons que les choses doivent et vont changer, dont on se demande sous quelle forme et dans quelle direction.

Il semblerait que les yogis d’autrefois appliquaient le renoncement au matérialisme et cherchaient à se soustraire du système de leur époque. Des rebelles, des anarchistes cherchant à révolutionner leurs mondes intérieurs en réponse aux défaillances du monde extérieur. Le marché du bien être, du développement personnel, de la pensée positive et de la néo-spiritualité (new age) actuel profite trop bien au système capitaliste. Le non-jugement est valorisé favorisant l’acceptation progressive d’un mode de vie dénué d’humanité. Le yoga est devenu du pain béni pour les sociétés actuelles, une course au profit et à la performance alors que c’était un art de l’opposition à l’origine.

Le discernement de l’essentiel appartient à chacun. On a tous nos raisons propres de se diriger vers le yoga, avec des attentes différentes, qui sont toutes valables. Il suffit de se diriger vers l’enseignement adapté à ce que l’on recherche, qui nous parle et raisonne en nous. Ce qui raisonne ne devrait pas s’en tenir uniquement à ce qui nous plait, le chemin n’est pas une voie de glorification. Il est long et remuant. L’avantage avec le yoga c’est qu’il y en a pour tous les goûts, toutefois il est important de garder son bon sens et son esprit d’analyse et critique pour ne pas favoriser une voie vers l’essoufflement de notre humanité et de ne pas croire aveuglément à des concepts que trop peu de personnes peuvent comprendre et réellement témoigner.

Un peu d’humilité est nécessaire dans ce monde de glorification du corps toujours plus grande. Si le yoga est une philosophie de vie, je le souhaite une arme contestataire face à la déshumanité et révolutionnaire de nos univers intérieurs.

Bénarès / Varanasi, 02.02.2020

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